J’ai ciblé, grâce à mes dernières sorties, un haut fond en pleine eau qui semble être fréquenté. J’ai constaté également que la pression de pêche était à anticiper. Côté appât, j’ai choisi d’utiliser la gamme Legend Scop-X de chez SEEZONE. J’attache une attention particulière à la couleur de mes bouillettes quand j’aborde des gravières avec de la pression de pêche. Sa teinte jaunâtre colle plutôt bien avec les fonds clairs des gravières, suscitant ainsi moins de méfiance selon moi. J’ai la conviction qu’un même appât distribué tout au long de l’année sur le plan d’eau permettra à termes, d’atténuer la méfiance des poissons et ainsi d'anticiper un peu plus la pression de pêche. J’associe à mon amorçage la fameuse bouillette Legend Scop-X ainsi que des noix tigrées entières et broyées. Une association attractive et cohérente.
Patience et optimisation de la pêche
Quand on pêche pour un poisson en particulier, la patience est de rigueur. Après avoir mis à profit mes observations et ajusté ma stratégie, seul le temps et l’investissement rapportent des résultats. J’ai enchaîné plusieurs sorties, plus ou moins réussies sur cette gravière durant l’été, sans pour autant réussir à intéresser celle que je recherche. La chance n’était pas de mon côté. Les conditions climatiques et la pression de pêche n’étaient pas favorable pour que je puisse réaliser ce qu'on appelle : un carton.
Après 9 mois de pêche intensive sur ce lieu, j’ai eu la chance de capturer de très beaux poissons sans jamais toucher la cible. La saison automnale approche... J’affectionne cette saison car elle est propice à la prise de gros poissons et comme on le sait tous, elle est souvent synonyme d'une activité alimentaire très soutenue pour nos chères carpes.
Prévoyant et obstiné, j’avais calé une semaine de congés à la mi-octobre pour tenter une énième fois ma chance sur cette gravière. L’objectif est clair : réunir tout les paramètres pour réaliser un carton et enfin espérer la capture de ce poisson. Je me focalise sur les préparatifs le week-end pour me rendre sur place que le mardi. J'ai bien fait car je me retrouve seul sur le plan d’eau. Je m’installe donc sur la zone intéressante avec ce haut fond de cailloux à environ 100 mètres en pleine eau. Je clipe 2 cannes précisément sur le spot et place la troisième en périphérie. Étant en place pour minimum 4 jours et profitant de cette solitude, je démarre un amorçage à la bouillette en spodant 5 kilos sur la zone en une fois.
La première nuit produira 3 poissons dont 2 très beaux poissons en termes de poids. Satisfait du résultat, je replace proprement et avec précision mes lignes le matin en espérant déclencher une touche de journée, si rare ici pour moi. La journée passe sans la moindre activité. C'est avec un peu d'inquiétude que je regagne mon bedchair.
En cherchant le sommeil, j’entends 5 ou 6 sauts sur la zone amorcée. Les résultats ne se font pas attendre car je comptabilise 5 runs en moins de 3h. Génial, le spot semble être en feu et les poissons sautent les uns après les autres sur la zone. Ne voulant pas effrayer la meute, je décide de ne pas amorcer en pleine nuit sur les poissons. A 4h du matin, soit 3 heures après la prise du dernier poisson, je me réveille, un peu affolé et surpris de ne pas avoir empilé plus de runs. D’un regain d’énergie, je décide de redresser la table en amorçant 3 kilos de bouillettes sur la zone. Je n’ai pas eu le temps de finir mon café que les départs ont repris. Quatres poissons supplémentaires ont rejoint l’épuisette avant le lever du jour. Exténué, je procède rapidement à la séance photo des 3 plus gros poissons de la nuit puis retourne au lit pour recharger les batteries et être prêt pour le lendemain.
La troisième nuit démarre et je suis prêt à faire feu. Sous perfusion de caféine, j’enchaîne les 3 premiers poissons entrecoupés de rappels d’amorçage au spod afin de maintenir les poissons sur le spot. Vers 1h du matin, un poisson modeste vient semer le désordre sur le poste en embarquant mes deux autres cannes, sans doute une faute d’inattention de ma part avec la fatigue accumulée. A ce moment précis, j’ai les nerfs à vif et j'hésite à regagner le bedchair pour enfin entamer ma nuit, sans canne à l’eau. Après quelques auto-insultes et démêlages sous la pluie, toutes les cannes regagnent le spot vers 2h du matin. La zone bouillonne et j’espère être récompensé de tous ses efforts.
La fatigue a eu raison de moi et je trouve rapidement le sommeil, pour un court instant. Run violent sur la canne isolé de l’amorçage, je prends contact et ressens rapidement les coups de tête vifs et saccadés d’un petit poisson. Au même moment, une autre canne s’emballe, doublé ! Je prends contact et je prends le risque de perdre le premier poisson que j’estime modeste durant le combat en reposant la canne sur le rod pod. Je mets donc à l’épuisette une énorme miroir puis m’empresse de reprendre la première canne pour terminer le combat. Le poisson est encore piqué et je reprends le combat. A mesure que le poisson se rapproche, mon pronostic de poisson modeste s’efface. Je présente une première fois le poisson à l’épuisette mais n’en n’ayant qu’une seule et déjà occupée par une captive, la tâche se complique. Je rate le premier passage à l’épuisette et prends tout de suite la mesure de la gravité de la situation quand, d’un coup de queue, j’aperçois le flanc du poisson et des grosses écailles. J’ai un poisson énorme dans l’épuisette et très certainement le target fish au bout du scion. Mes jambes se mettent à trembler et je tends le bras pour essayer d’épuiser le poisson. A la troisième tentative, FILOCHE ! Je m’empresse de regarder dans le fond du filet. YEEEESS c’est elle !
Après une séance photo remplie d’émotion, je contemple les clichés avec le sourire jusqu’aux oreilles. L’objectif est coché, ce poisson représente tout ce qui me fait vibrer au bord de l’eau depuis plus de 20 ans. Je clôture cette session plus tôt que prévu, le cœur et l’esprit plein de joie.
Avec du recul, c’est hallucinant de penser que j’avais ce poisson au bout de ma canne et que j’ai finalement préféré reposer la canne sur le rop pod lors du doublé. J’aurais pu le perdre et je n’aurais pas saisi la chance qui s’offrait à moi de pouvoir la capturer.
J’ai conclu ma saison sur cette gravière avec cette capture. On peut cibler un poisson et ne jamais le faire. On peut aussi cibler ce même poisson, se donner les moyens et tout optimiser pour provoquer la chance et remplir ses objectifs. Je pense humblement que ce target fish est le fruit d’une réflexion sur le long terme. On ajuste l’approche, on optimise la pêche et on adapte ses appâts dans le but de mettre toutes les chances de son côté. Rien n’était laissé au hasard lors de cette session et c’est d’autant plus satisfaisant !
Valentin L. (Team Manager)